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La connexion "Esprit-Muscle"

Updated: May 27, 2021



De nombreux pratiquants de musculation et de bodybuilders le pensent déjà, et ce, depuis de nombreuses années, la concentration sur le mouvement permettrait un travail musculaire plus qualitatif. L'idée sous-jacente serait d'améliorer la connexion entre le cerveau et le muscle afin d'obtenir un recrutement des unités motrices plus efficient et plus efficace. Se concentrer sur l'action musculaire permet-il de mieux recruter ses muscles ?

En effet, plusieurs études montrent que lors d'un exercice de musculation à intensité faible ou modérée (< 50% du 1RM), les consignes de "se concentrer sur le mouvement réalisé" ou "de se concentrer sur les muscles acteurs du mouvement" permettaient d'améliorer l'activation musculaire. Cela aurait pour conséquence d'obtenir un meilleur recrutement des unités motrices sans augmenter la charge externe, ce qui dans des domaines comme la rééducation pourrait avoir un fort impact. Mais qu'en est-il si l'intensité augmente ? Quelle est la relation entre intensité de la charge et la capacité à activater préférentiellement un muscle ?


L'étude réalisée


Pour répondre à cette question, une équipe de chercheurs danois et espagnol ont étudié l'impact de différentes consignes sur le recrutement musculaire lors d'un développé couché. Pour cela, ils ont demandé à 18 hommes jeunes de réaliser un développé couché selon 3 conditions différentes, de manière aléatoire : un développé couché normal (DC), un développé couché où il était demandé de se concentrer sur le grand pectoral (DC Pectoral), et un développé couché où il était demandé de se concentrer sur le triceps brachial (DC Triceps). Le but pour les participants étant de contracter volontairement les muscles sur lesquels ils devaient se concentrer. Ces 3 conditions ont été réalisées à différentes intensités (20, 40, 50, 60 et 80% du 1RM). L'électromyographique de surface (EMG) était utilisée pour mesurer l'activité électrique des muscles concernés.


Résultats & Analyses


Les principaux résultats de cette étude montrent que de 20 à 60% du 1RM, l'activation musculaire des muscles étudiés est significativement supérieure dans les conditions où ces muscles sont sélectivement recrutés par les participants en comparaison à la condition normale. Plus simplement, lorsque le pratiquant se concentre sur la contraction des grands pectoraux, ceux-ci sont effectivement mieux recrutés, il en est de même avec les triceps (Fig. 1). De plus, l'activation préférentielle d'un muscle ne s'est pas faite au détriment de l'autre (e.g., lorsque le grand pectoral est plus activé qu'à la normale, le triceps brachial est activé normalement, voire plus dans certains cas).




Figure 1. Relation entre l'intensité (% 1RM) et l'activité musculaire selon l'activation préférentielle. *Différence significative (p≤0.01).

Toutefois entre 60 et 80% du 1RM, il semble y avoir un seuil, puisqu'aucune différence n'a été constatée. L'intensité de la charge peut être telle que les pratiquants se concentrent principalement sur le déplacement de la barre. Le corps humain peut chercher à recruter le minimum d'unités motrices nécessaires pour réaliser un mouvement. Cela peut également venir du niveau des pratiquants. Dans cette étude, le 1RM des pratiquants étaient de 103 ± 25 kg, ce qui signifie que le niveau parmi eux était très hétérogène. Il peut exister une relation entre la force des athlètes et leur capacité à cibler certains muscles lors de la contraction musculaire. Une étude parue en 2012 avait montré des résultats positifs à 80% du 1RM chez des footballeurs américains Division III.


Applications pratiques


En se concentrant soit sur le grand pectoral, soit sur le triceps brachial, les participants à cette étude ont été capables d'augmenter significativement et sélectivement l'activation de ces muscles au développé couché, à des intensités faibles à modérées. Cette étude illustre l'hypothèse de l'action contrainte. L'activation musculaire est moindre lorsque l'athlète est concentré sur le résultat (concentration externe) et elle est plus grande lorsqu'il est concentré sur le mouvement (concentration interne). Ces résultats sont intéressants en pratique puisque cela signifie qu'en rééducation, en préparation physique ou en renforcement musculaire, l'implication consciente et volontaire du patient/sportif/client sur le mouvement réalisé résultera en une augmentation de l'activation musculaire, et donc à terme, en un gain d'efficience et d'efficacité. Pour une même charge externe, un pratiquant avancé pourra recruter plus d'unités motrices.

Bien sûr, l'entraînement est nécessaire pour mieux maîtriser ses contractions musculaires, notamment à haute intensité, et il est possible de croire qu'un athlète plus expérimenté et plus fort aura une meilleure maîtrise de ce concept qu'un débutant. Néanmoins, il est encore difficile de savoir où s'arrêtera la concentration interne et où débutera la concentration externe en fonction de l'intensité de la tâche et selon le profil du pratiquant.



Références


  1. Calatayud J, Vinstrup J, Jakobsen MD, Sundstrup E, Brandt M, Jay K, Colado JC and Andersen LL. Importance of mind-muscle connection during progressive resistance training. Eur J Appl Physiol, In Press, 2015.

Article extrait de : sci-sport.com


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